Rencontre avec Marion Claracq, bijoutière résidente depuis 2015, qui nous parle de son parcours, sa vision du métier, et sa résidence à ICI Montreuil 🙂
Quel est ton parcours ?
Je viens du milieu du graphisme, j’ai fait une école de communication visuelle à Paris. J’ai évolué dans ce milieu quelques années en salariat & freelance. En 2013, j’ai quitté Paris pour partir vivre un an en Australie. Là-bas, j’ai voulu m’occuper les mains en suivant des cours du soir en céramique et bijou. Depuis petite, j’ai toujours aimé les travaux manuels, j’avais des cours de dessin et de sculpture en activités périscolaires, j’aimais fabriquer des choses… Il n’y avait plus de place en céramique, ce que je voulais faire en priorité, donc je n’ai fait que du bijou et j’en suis tombée amoureuse. De retour en France, j’ai voulu m’y consacrer pleinement et j’ai quitté le graphisme. J’ai découvert toute la législation qu’il y avait autour de cette profession, et j’ai dû chercher un atelier. Une amie m’a parlé d’ICI Montreuil, j’ai visité en décembre 2014 et me suis installée en janvier.
On me dit souvent que je suis courageuse de m’être lancée. Mais j’ai plutôt l’impression que les portes étaient ouvertes, et que j’ai avancé, car j’ai été très bien entourée. Le courage, c’est plutôt au quotidien qu’il faut l’avoir, pour maintenir l’activité, être efficace sur tous les pans de son business, ne pas baisser les bras à la moindre difficulté…
Pourquoi ICI Montreuil ?
Je cherchais vraiment à être entourée d’autres métiers et d’autres savoir-faire, je ne voulais pas m’enfermer avec des gens qui font la même chose que moi. Je voulais mettre l’accent sur le lien social. Je pense que ça m’a ouvert des portes : j’ai rencontré mes premiers clients, reçu pleins d’encouragements et du soutien au quotidien. Si j’étais restée avec des gens de mon métier, je n’aurais peut-être pas avancé aussi vite. Les gens que je côtoie au quotidien me challenge, ils apprennent à me connaitre, pointent du doigt des choses que moi je ne vois pas forcément. Ils amènent leur regard et m’aident à ne pas m’enfermer dans le bijou mais à le penser autrement. On me dit souvent « on voit que t’es graphiste » : sur certaines collections, mon œil de graphiste a une influence parce que je fais de la mise en page sur le bijou. C’est quelque chose que je n’aurais jamais vu moi-même.
Quand je parle du contact humain avec les gens, je parle souvent des formations bijou que je donne à ICI Montreuil. C’est pour moi une sensibilisation à l’artisanat (c’est peut-être l’égo qui parle !). L’artisanat est assez mystérieux pour les gens, et il y a un côté magique quand tu leur ouvres la porte de ton atelier. C’est super enrichissant, j’aime être la personne qui ouvre la porte ! Les gens me disent souvent qu’ils font un métier de bureau et qu’ils ont besoin de faire quelque chose de leurs mains. On sent que ça leur fait du bien. On s’aperçoit que ce qui est notre quotidien est pour eux une soupape de leur quotidien, et ça ça n’a pas de prix.
Je me rends compte aussi que je vais souvent voir ce qu’il se passe dans les autres ateliers. Parfois, des résidents ou même le staff me demandent ou est untel, ou est rangé ci, à qui appartient ça. En général je sais leur répondre, et je ne sais même pas pourquoi je le sais ! Je pense que c’est mon côté très observatrice 😊
Comment est-ce que tu produis ?
Avant j’essayais de faire deux collections par an, plutôt femme, parce c’est établi comme ça, c’est plus simple. Mais j’ai vu beaucoup d’hommes venir faire des achats pour des femmes, qui finissaient par acheter pour eux. J’ai donc décidé de faire le contrepied et de m’intéresser à l’homme, mais plus comme prétexte pour tendre vers de l’unisexe. Je suis en train de développer une collection. En fait, je me suis aperçue que les gens aiment s’approprier le bijou et le considèrent comme un accessoire. Ce que j’aime depuis le début, c’est laisser le bijou parler de lui-même, ou laisser la personne en parler. Ne pas dire « ça se porte comme si, ça se porte comme ça ». J’aime bien que les gens en jouent et se sentent libres.
Ce que j’adore aussi, c’est le sur-mesure. Idéalement, c‘est ce que j’aimerai faire tout le temps : c’est du contact humain, un challenge, et systématiquement une demande de créativité. Aucune pièce ne se ressemblera mais devra ressembler à la personne qui me l’a demandée : je dois retranscrire sa personnalité au travers de mon univers. C’est toujours un challenge et il n’y a pas une journée qui se ressemble.
Chaque métal a ses caractéristiques, je n’ai pas de préférence. Tant que je m’amuse, le support m’importe peu !
Découvrez la travail de Marion sur site internet : marionclaracq.com et sur Instagram : marionclaracq
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