Certains pourraient dire que la reconversion professionnelle est difficilement envisageable après 40 ans, surtout vers l’ébénisterie! On pourrait penser que ce sont des professions trop physiques. Antoine Fonteneau brise les idées reçues. Il nous a partagé l’expérience de sa reconversion tardive à l’ébénisterie, à l’âge de 46 ans. Un exemple de courage et de motivation pour tous ceux qui hésitent encore à passer le cap!
COMMENT EST VENUE L’IDÉE DE RECONVERSION ?
“J’ai toujours voulu être journaliste, je l’ai été pendant 22 ans. C’est une activité que j’adore toujours et que je souhaite continuer à pratiquer en parallèle, si je trouve le temps. Cependant, en tant que journaliste, j’avais la sensation de regarder les autres faire. J’ai rencontré beaucoup de gens, j’ai fait beaucoup d’interviews et c’était très enrichissant. Mais à chaque fois il s’agissait de parler des autres, de ce qu’ils ont accompli. C’est très gratifiant, or, j’ai eu l’impression que moi, je ne produisais rien de concret et j’ai eu besoin de remédier à ça.”
POURQUOI AVOIR CHOISI L’ÉBÉNISTERIE ?
“J’ai fait un bilan de compétences à 40 ans et ce qu’il en est ressorti c’était l’ébénisterie. Mais ça m’a posé beaucoup de questions. Il y a d’abord la question de l’âge, puis le fait que cette profession soit aux antipodes du métier de journaliste. Pendant longtemps, je me suis demandé s’il ne valait pas mieux aller vers quelque chose de plus proche, si changer à ce point-là de voie n’était pas trop risqué. L’ironie de la chose c’est que j’ai mis six ans à me décider et à me lancer après mon bilan de compétences. J’hésitais parce que j’avais peur d’être un peu trop âgé. Et finalement, j’ai entamé ma reconversion à 46 ans au lieu de 40. Et sincèrement pour l’instant je ne regrette rien car ça démarre fort. C’est aussi parce que j’ai trouvé un écosystème encouragent dans lequel évoluer et progresser.”
QU’AS-TU RESSENTI APRÈS AVOIR FINI TA FORMATION ?
“Je suis passé par des périodes de doutes. Particulièrement entre la fin de mon CAP à Boulle et mon arrivée à ICI Montreuil. À l’école, on est entouré, on est occupé, on apprend. Mais quand on est lâché dans la nature, il y a un sentiment un peu vertigineux. On n’est plus soutenu, on se demande si on a fait le bon choix. On se rend compte de tout le travail qu’implique l’entrepreneuriat, de toutes les charges que ça représente. J’ai hésité à devenir employé dans une boîte, et en même temps si j’ai voulu faire cette reconversion, c’était aussi pour quitter le salariat. J’ai donc tout de même fondé mon entreprise : Stampille. En arrivant à Make ICI comme entrepreneur, j’ai retrouvé ce sentiment de sécurité que j’avais à Boulle. Financièrement, par exemple, quand on considère la hausse des prix de l’électricité en ce moment, chez Make ICI, on reste sur un loyer fixe. C’est hyper important de maitriser ses coûts en tant qu’entrepreneur.”
COMMENT ON DEBUTE DANS SON ACTIVITÉ AVEC PEU D’EXPÉRIENCE ?
“Tout est nouveau, donc même après une formation, il y a toujours une marge de progression immense. Je suis loin de savoir tout faire et de tout connaître. Aucune journée ne se ressemble. J’ai pu compter sur le soutien des autres résidents. On pourrait croire que ce sont des concurrents, mais finalement pas du tout. J’ai travaillé sur la création d’une grande vitrine en chêne avec des portes vitrées. C’était un bon gros projet pour débuter. Je n’avais jamais fait ce type de portes. J’ai appris sur le tas en prenant des conseils autour de moi. Il y avait aussi des LED, j’ai appris à faire de l’électricité, de la soudure. Ça a pris du temps mais j’ai réussi à livrer en temps et en heure, et les clients étaient ravis. Sur chaque projet, j’apprends de nouvelles techniques.”
COMMENT TE SENS-TU CHEZ MAKE ICI ?
“Pour moi c’est un lieu idéal pour débuter. J’ai accès à des moyens que je n’aurais jamais eu autrement : scie à format, CNC, découpeuse laser, etc.. Mais il n’y a pas que ça, l’aspect social est hyper important aussi. Dans mon ancien métier j’étais confronté aux autres en permanence et je ne voulais pas me retrouver tout seul tout à coup. Rencontrer d’autres ébénistes avec plus d’expérience, c’est un peu comme avoir des collègues, c’est encourageant et ça n’a pas de prix. Puis ils m’aident énormément, c’est très instructif, ils sont ravis de transmettre leur savoir-faire, parce qu’ils sont passés par là aussi. J’avance beaucoup plus vite que si j’avais été seul. En plus du reste, Montreuil est une ville très vivante artistiquement parlant. Puis l’apport d’affaires via l’atelier est top, c’est parfait pour quelqu’un qui débute sans avoir trop de réseau. Je suis nantais d’origine et savoir que l’abonnement me permet aussi de bosser à ICI Nantes, c’est cool.”
QUELLES SONT TES AMBITIONS POUR L’AVENIR ?
“Je souhaiterais me spécialiser dans les meubles à secrets, avec des compartiments cachés qui s’ouvrent grâce à des mécanismes. Je trouve ça dingue. J’aimerais appliquer cette pratique à l’ancienne sur des mobiliers dans l’air du temps. Je n’ai pas encore acquis mon style, mais ça viendra avec l’expérience. J’ai encore plein de choses à essayer en termes de techniques ou de matériaux. J’aimerais aussi créer des collaborations avec d’autres résidents de Make ICI. C’est d’ailleurs déjà le cas. On m’a commandé une banquette avec une partie textile, et je n’ai pas eu à chercher loin pour trouver un tapissier grâce à l’atelier.”
Retrouvez le travail et les créations d’Antoine Fonteneau sur son compte Instagram, et bientôt sur son tout nouveau site web…