Arthur a co-fondé La Biche-Renard, une startup innovante qui développe l’usage de l’impression 3D et accompagne ses utilisateurs.
Qui es-tu ?
Je m’appelle Arthur Dalaise, j’ai 31 ans et un BTS de gestion. Il y a quelques années je travaillais dans une association qui faisait de la conception d’outils pédagogiques d’éducation au développement durable et à la citoyenneté. Dans cet univers, j’ai été mis en contact avec un fablab et j’ai adoré ce concept, plus particulièrement celui de l’imprimante 3d dont je suis tombé amoureux. J’ai donc décidé de continuer dans cette voie. Je suis parti 5 mois pour fabriquer une imprimante 3D open source dans le fablab du Vigyan Ashram à côté de Puna en Inde. A mon retour j’ai travaillé quelques temps en tant que commercial chez Multistation, une entreprise qui vend des imprimantes 3d. J’ai ensuite pris la décision de lancer mon propre projet, mais sans avoir identifié de problème ou de besoin particulier. Je suis allé en Normandie m’isoler dans la maison familiale et j’ai créé une boutique en ligne pour vendre des filaments, juste pour le plaisir. Se jeter dedans sans trop réfléchir, c’était la meilleure façon d’apprendre.
La gestion de ce site s’est avérée compliquée, je préparais des colis et les envoyais, ça ne m’intéressait pas beaucoup. J’ai aussi constaté que les utilisateurs d’imprimante 3d connaissaient très mal les matériaux. J’ai donc décidé de lancer une offre de découverte de matériaux, une box pour découvrir des produits liés à l’impression 3D. En même temps j’ai candidaté à un concours de la french tech, « french tech diversité » dont j’ai été lauréat. Cela m’a permis d’intégrer un incubateur à Montreuil, le Comptoir, et d’avoir un peu d’argent pour lancer le projet. Au bout d’un an j’ai fait évoluer l’offre vers une box qui se concentrait plus sur l’usage, parce que finalement la grande problématique de l’impression 3d c’est : qu’est-ce qu’on fait avec cette machine ? J’ai donc créé La-Biche-Renard avec mon associé.
Pourquoi ce nom ?
Nous avons choisi ce nom parce que nous voulions un terme en français qui évoque la curiosité.
C’est un système d’abonnements sur 6 mois. Chaque mois, les abonnés reçoivent un projet en kit à réaliser avec leur imprimante 3D. Différents thèmes sont abordés selon les kits : moulage silicone, luminaire, électronique, robotique…
Pourquoi travailler ICI ?
Au Comptoir, c’était très sympa mais il y avait vraiment un univers startup qui s’éloignait de ce que je faisais, je passais pour un mec un peu étrange qui faisait ses expériences de moulage, qui faisait du bruit avec les imprimantes, j’étais à part. Jai cherché un endroit où les gens autour de moi seraient aussi dans des activités créatives, dans de la fabrication ou dans de la conception pour me sentir plus à ma place et pour pouvoir échanger avec ces personnes et tirer le profit de leur proximité. J’avais déjà rencontré Nicolas, le cofondateur d’ICI Montreuil, et j’ai candidaté.
En arrivant, j’ai eu le sentiment d’avoir retrouvé mon village ! Lors de ma première semaine, je devais faire un kit sur le moulage silicone. Je n’en avais jamais fait avant mais j’avais comme voisin Florian, qui travaillais sur des semelles pour diabétique et avec qui j’ai pu échanger des conseils. Ça a tout de suite pris du sens pour moi d’être ICI.
J’explore des compétences que je n’ai pas et que j’ai envie de découvrir. J’ai fait la formation soudure à l’arc avec Julien Goffinet, ainsi que la formation découpe laser. Ça m’a permis de faire des éléments pour un salon : des porte clé, une pancarte avec mon logo…
Ça sert à quoi alors une imprimante 3d ?
Pour l’instant, les gens qui s’intéressent à cette machine expérimentent. Je dirai que c’est une première vague d’utilisateurs qui s’intéresse plus à la technologie qu’à l’usage. Ce qu’ils vont imprimer, ce n’est pas le plus important même si certains impriment des choses très utiles. C’est intéressant pour eux de bien connaître les filaments et leur utilisation. Sachant qu’il y a énormément de matériaux différents, différents polymères, énormément de marques, l’un fois l’autre ça fait une immensité de choix face à laquelle on est perdus dans ce qu’on veut consommer.
Je suis convaincu qu’à termes, tout le monde possédera une imprimante 3D chez lui. La question est de savoir comment cela va impacter leur quotidien, et comment ça va changer notre rapport à l’objet. Pouvoir fabriquer des objets chez soi répond à une problématique très forte : la production d’objets en série et leur transport sont écologiquement des problèmes assez importants. On va pouvoir subvenir à des problématiques qu’on a avec certains objets.
Par exemple, je pense que ça va changer le commerce de la brosse à dents : aujourd’hui c’est 1,5 kilo de déchets par brosse à dents produite et 5 ou 6 milliards de brosses à dents vendues dans le monde chaque année. Je pense que ça n’a pas de sens. C’est en plus un objet qui se doit d’être adapté à notre dentition, on pourrait imaginer que notre dentiste nous en prescrive une en nous donnant un fichier à imprimer.
Comment imagine-tu La Biche Renard évoluer ?
Mon associé et deux stagiaires m’ont rejoint à l’atelier il y a un mois.
On espère maintenant toucher la 2ème vague d’utilisateurs, qui s’intéresse plus à l’usage et qui est en train d’arriver. J’ai fait évoluer l’offre, la notion de produit a été introduite dans les kits.
En parallèle, on développe l’offre « kit atelier pédagogique & impression 3d » pour toucher les enseignes du loisir créatif qui commencent aussi à s’intéresser à l’impression 3D. Nous avons pour le moment une cinquantaine d’abonnés. Les gens sont hyper contents, on reçoit beaucoup de bienveillance.
Nous sommes en train de concevoir le dernier kit de la série de six, c’est un bras robotique à contrôler avec son téléphone.
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