Claire et Lisa sont deux résidentes de notre atelier bois depuis Avril 2019. Elles sont en train de monter leur structure après une reconversion en ébénisterie. Elles nous partagent leur vision
Est ce que vous pouvez me parler de vous, c’est quoi votre parcours ?
Lisa :
J’ai travaillé précédemment dans la production audiovisuelle que je n’ai pas complètement lâché parce que j’y travaille encore 1 jour et demi par semaine. Le reste du temps je travaille sur l’activité qu’on est en train de lancer.
J’ai décidé de faire une reconversion en ébénisterie il y a 2 ans et je me suis inscrite à l’École d’Ameublement de Paris : La Bonne Graine.
Niveau étude j’ai fait un master de droit. Comme je ne voulais pas faire avocate, j’ai appris les métiers de l’audiovisuel sur le tas. Il y avait de la place à l’époque.
Claire :
Quand on parle de reconversion, on évoque souvent la quête de sens et le besoin de sortir du cadre…. La reconversion en ébénisterie, c’est le tournant que j’ai pris à 30 ans en anticipant ma crise de la quarantaine et en quittant le monde du conseil en stratégie pour devenir ébéniste.
Avec Lisa nous nous sommes rencontrées sur les bancs de l’École d’Ameublement de Paris. Nous partageons la passion pour le bois et les mêmes inspirations : un fort attrait pour les lignes rétro, le mélange de matières et les designs épurés.
Une fois notre Certificat d’Aptitudes Professionnelle en poche, nous avons lancé notre projet et créé notre marque : « Des plans sur la comète ».
Pourquoi une reconversion en ébénisterie ?
Lisa :
Parce que j’étais à un moment de ma vie avec 3 enfants et un métier dans la production audiovisuelle télé c’était très compliqué à gérer. En fait à un moment tu perds un peu tes valeurs et le jour où tu lèves la tête tu te demandes ce que tu fais là.
Je crois que j’en avais marre des choses superficielles et j’avais envie de faire quelque chose de mes mains. Quelque chose dont je pourrais être fière.
Moi j’aime bien fabriquer des « trucs » ; du coup quand je me suis demandé ce que je voulais fabriquer concrètement, j’ai choisi ce qu’il y avait de plus vivant. Je ne voulais pas faire du plâtre ou du métal, c’est des matières qui ne me parlent pas. Le bois quand tu le coupes il continue à évoluer.
Avec du bois tu fais des choses belles et chaleureuses. C’est écologique, je ne me serais pas vu travailler du polystyrène !
Claire :
Devenir ébéniste, c’est un rêve d’enfant. Après 6 ans dans le conseil, j’avais envie d’exercer un métier passion, porteur de sens, qui me permette d’imaginer et de créer. L’ébénisterie, c’est également un héritage familial : mon arrière-grand-père était ébéniste et mon grand-père m’a transmis cette passion pour le travail du bois en me permettant de l’accompagner et de l’assister dans son atelier.
J’avais envie de faire quelque chose de manuel et tangible avec une matière que j’aime.
Où es ce que vous vous êtes formées pour faire une reconversion en ébénisterie?
Lisa :
A l’École d’Ameublement de Paris, la Bonne Graine. Nous avons suivi le programme de reconversion en ébénisterie sur 1 an et passé le CAP Ébénisterie. Avec une semaine de cours toutes les 3 semaines, nous avons pu faire plusieurs stages pour combiner pratique et théorie.
Nous avons adoré : les échanges avec les autres élèves et les professeurs, le rythme qui impose de se consacrer pleinement à la découverte du métier.
J’ai vraiment adoré ce temps de formation. Tu te retrouves sur les bancs de l’école sans trop te préoccuper de l’avenir. J’ai retrouvé l’insouciance des mes années de fac.
C’est une année juste pour toi.
En plus, j’ai eu la chance de pouvoir bénéficier d’un financement presque total des frais d’inscription par le biais de l’AFDAS.
Est ce que vous pouvez m’en dire plus sur votre marque Des Plans Sur La Comète ?
Claire :
Notre volonté c’est de permettre à nos clients de s’émanciper des meubles standardisés des grandes enseignes et leur offrir des réalisations uniques qui leur ressemblent.
Parce que, qui n’a jamais râlé de retrouver chez son voisin sa table AMPM, ses chaises Maison du Monde ou sa commode IKEA ? Qui n’a jamais rêvé d’avoir une pièce unique trônant au milieu de son salon ? Pourtant, beaucoup sont convaincus que les meubles sur-mesure sont inaccessibles et réservés à une élite.
« Des Plans Sur La Comète », c’est la réponse à ceux qui sont en quête de la méridienne ou de la table basse en parfaite harmonie avec leur univers, celle qui apportera une touche personnelle et originale à la décoration de leur salon. Nous proposons à nos clients de réaliser leurs plans sur la comète et de créer le meuble de leurs rêves dans notre atelier, à ICI Montreuil.
Sur notre site internet (en construction), les clients pourront bientôt choisir l’un de nos modèles, sélectionner l’essence de bois, les matériaux, les dimensions, la forme, les couleurs, les finitions et l’aménagement du meuble pour créer leur pièce unique en quelques clics.
Ça veut dire quoi pour vous être artisan ?
Lisa :
Pour moi c’est celui qui exhausse les rêves.
Souvent c’est des métiers qui ne sont pas toujours valorisés à leur juste valeur. Tout ce dont les gens rêvent pour chez eux, un artisan peut le faire.
Je regrette que l’artisanat d’art ça ne soit pas plus valorisé. Pour les métiers d’artisans, les portes d’entrées c’est souvent CAP ou formation pratique. C’est généralement perçu comme des voies de second choix. Franchement, ça devrait être complètement l’inverse !
C’est très compliqué d’être un bon artisan. Au final je n’ai pas eu besoin de formation pour mon précédent métier dans l’audiovisuel, j’ai tout appris sur le tas. En ébénisterie il y a besoin de beaucoup de formation et beaucoup de pratique.
Claire :
Un artisan c’est aussi celui qui perpétue les savoirs-faire.
L’artisanat suscite souvent l’intérêt et fait rêver. Il y a une connotation de reprise de flambeau, de tradition et de transmission.
Pourquoi avoir choisi ICI Montreuil pour lancer votre activité ?
Lisa :
D’un point de vue pragmatique, ICI Montreuil permet d’avoir accès à un atelier bien équipé. Quand tu t’installes, tu n’as pas forcément de trésorerie et donc pas les moyens d’investir autant. Et surtout à ICI Montreuil, il y a la rencontre avec les autres résidents.
On est bien ICI, parfois, même si t’as pas grand-chose à faire tu prends plaisir à venir échanger, à voir comment les autres artisans travaillent, à apprendre de nouvelles techniques.
Claire :
Il y a un esprit très bon enfant, de l’entraide, du partage, des échanges.
On entend beaucoup parler de reconversion et des difficultés qui sont liées, selon vous, quels sont les blocages que l’on peut rencontrer dans cette démarche ?
Lisa :
La peur ! Prendre la décision de la reconversion, c’est sauter dans le vide. Forcément ça donne le vertige et c’est normal. Se mettre à son compte quand tu ne l’as pas fait avant ce n’est pas évident.
Claire :
La prise de risque. La reconversion en ébénisterie nécessite un investissement personnel conséquent, en termes de temps et d’argent. Sans l’assurance de réussir à atteindre son objectif.
Lisa :
Dans mon ancien secteur on est intermittent du spectacle. Du coup tu « sautes » de projet en projet continuellement. La démarche ne m’a pas semblé compliquée.
Qu’est-ce que vous diriez à des personnes qui ont parfois peur de se lancer à faire une reconversion ?
Claire :
C’est une démarche très personnelle. Pour ma part, c’est un choix qui s’est imposé à moi. J’avais envie et besoin de foncer, d’au moins essayer.
Lisa :
Souvent les gens qui me disent : quel courage ! J’aurais envie de leur dire mais toi quel courage de serrer les dents et de continuer à faire un métier que ne te satisfais plus !
Claire :
C’est une question d’envie et d’organisation : si Lisa l’a fait avec 3 enfants en bas âge et si je l’ai fait en devant autofinancer la formation, c’est que cela peut être gérable !
Lisa :
Et puis si ça ne marche pas tu peux toujours faire ce que tu faisais avant ✌.ʕʘ‿ʘʔ.✌
C’est quoi pour vous les prochaines étapes ?
Continuer à faire nos prototypes, développer notre offre, lancer notre site pour un grand départ début 2020.
On vous souhaite plein de réussite les filles, vive Les Plans Sur La Comète !