Mathieu Delcroix, dit Codel, artiste de rue récemment débarqué à ICI Nantes nous partage son parcours, ses projets et l’expérience de nos ateliers partagés. Autodidacte, il a choisi notre tiers-lieu de production afin d’y poser ses valises. Après avoir suivi sa carrière d’artiste en parallèle d’une vie de salarié durant plus de 20 ans, il a finalement pris le risque de tout quitter pour se consacrer exclusivement à son art. Mathieu décore les murs des villes, mais pas que. Son concept : coller ses œuvres sur des affiches et laisser le temps agir. Les récupérer ensuite, pour jouer avec les couches d’annonces publicitaires, collées successivement par dessus. Puis il ôte couche après couche les affiches, retrouve son dessin et arrange une toute nouvelle œuvre, en “collaboration anonyme” avec les designs qu’il découvre. Après quelques vagabondages, il a trouvé dans nos murs, le lieu adéquat pour vivre de sa passion.
NANTES, VILLE DE CULTURE
J’ai débuté ma carrière à Pau, tout en travaillant en gestion de production. Quand j’ai décidé de me lancer à 100% dans mon activité artistique, j’ai déménagé à Paris. J’y ai constitué un bon réseau, cependant j’ai eu envie de m’établir ailleurs, dans un lieu avec une histoire et une culture autres. Nantes est apparu comme un choix évident. En restant proche de Paris et de mon réseau, cette ville offre une identité forte, ainsi qu’un dynamisme certain.
CHOISIR UN ATELIER PARTAGE
Je bosse dans la rue à la base, or, j’ai un projet qui nécessite un travail d’atelier, donc il me fallait un espace. Depuis mon arrivée à Nantes, je cherchais un atelier partagé. Mais je pensais à un atelier d’artistes, pas forcément artisanal. N’en trouvant pas, je me suis rabattu sur ICI Nantes en pensant que ce serait une bonne alternative. En intégrant les lieux, je me dis que c’est bien mieux qu’une alternative ! Ici, ce sont des créatifs aussi, mais avec une dynamique de travail et des machines qui m’ouvrent des portes intéressantes et inédites. Je peux tester de nouvelles choses, alors que dans un atelier consacré exclusivement aux artistes, il y aurait eu moins de connexions avec les autres en termes de savoir-faire. Avec les artistes, les connexions auraient été plus évidentes mais sans m’ouvrir à une telle pluralité, on aurait été trop pareils. Et en plus j’ai été très bien accueilli.
UN ART MULTI-SUPPORT…
Comme je fais de la fresque, du dessin, de la peinture, du collage, ça a toutes sortes d’applications. Si ça peut s’appliquer à un projet d’architecture ou autre, ça serait chouette. Le but d’être ici c’est aussi d’élargir mon réseau de travail, pas seulement de me faire des copains. Je suis là pour intégrer des projets communs. Je prends le temps de prouver ma valeur. D’ailleurs j’ai fait une fresque dans l’atelier, ça montre aux résidents ce dont je suis capable et ça peut leur donner des idées de collaborations. De toute façon les liens vont se créer naturellement, et de mon côté, il faut aussi que j’aille à la rencontre de leurs différents savoir-faire.
…QUI PERMET DES COLLABORATIONS VARIEES
J’ai besoin de partage, alors ici, en étant entouré, je suis à l’aise. Avoir un public ne me dérange pas, au contraire, ça me plait. C’est aussi inscrit dans l’ADN du street art : je suis en direct avec le public. Mais quand j’ai besoin d’être dans ma bulle, le lieu me donne aussi la possibilité de le faire. Il me tarde de collaborer avec les gens d’ici, qu’importe le projet, pro ou perso. On m’a proposé de refaire une autre fresque, en miroir de celle que j’ai déjà faite. Je suis tout à fait partant, et j’ai accepté, mais à condition qu’on constitue une équipe pour la réaliser ensemble. C’est le but d’être ici. Comme je le disais, ici, ce sont des créatifs aussi, il y a plein de potentiels et de ressources à exploiter chez tout le monde, et c’est aussi une bonne façon d’apprendre à apprivoiser le travail de chacun.
UN MESSAGE SIMPLE ET UNE RECHERCHE DU BEAU
Je ne porte pas particulièrement de messages dans ma production artistique. Je suis plutôt partisan de créations qui me font marrer, qui sont sympas ou visuellement rigolotes. C’est ça que je transmets : un style simple, cartoon et un peu sexy parfois. C’est pour ça que je bosse aussi dans la rue, chacun y voit le message qu’il souhaite. Moi je n’ai pas de revendications autres que le pur fun, c’est plus une recherche de ce que je trouve beau. Je ne me considère pas comme un artiste engagé, même si certains de mes travaux peuvent faire réfléchir. C’est en discutant avec les gens que la profondeur ressort, et c’est d’autant plus intéressant d’ailleurs. En tant qu’artiste, tu peux discuter avec des personnes qui ont une grande sensibilité, qui vont analyser, et d’autres moins aguerris, qui trouvent juste ça beau et c’est très bien aussi. Moi je propose et ce sont les gens qui vont amener une perspective et une texture à mon travail.
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