Vincent Frété est né dans un monde où le bois et les outils étaient bien plus que des matériaux et des instruments de travail. Pour lui, c’était une histoire de famille, une tradition transmise de génération en génération. Cette immersion précoce dans l’artisanat du bois a jeté les bases d’une carrière qui allait façonner son identité et son parcours professionnel.
“Mon travail c’est une passion depuis que je sais marcher. Mon père, mes oncles et mon grand-père sont menuisiers-ébénistes, j’ai d’ailleurs commencé mon apprentissage chez mon père.”
UNE RICHE EXPÉRIENCE
Dès la fin du collège, Vincent a commencé à se professionnaliser dans la menuiserie. Après avoir acquis une solide expérience dans divers ateliers d’ébénisterie et avoir suivi une formation traditionnelle chez les Compagnons du Devoir et du Tour de France, il a intégré le monde du travail en tant que salarié. Pendant douze ans, il a affiné ses compétences. Il s’est imprégné des subtilités du métier et plus encore.
“Je n’ai pas voulu devenir Compagnon à la suite de mes études, c’était un investissement que je ne me sentais pas capable d’assumer. J’ai préféré une voie dans laquelle j’étais plus libre de mes choix. J’ai beaucoup appris de mes patrons techniquement et humainement. Pendant plus d’un an j’ai travaillé avec un maçon avec lequel nous avons participé à la construction d’un maison, et de fait, j’ai ainsi pu apprendre tous les métiers du bâtiment.”
LES ALÉAS DE L’ENTREPRENEURIAT
Le désir d’indépendance et le besoin de gérer les choses à sa manière ont poussé Vincent à franchir le pas de l’entrepreneuriat. Les débuts étaient placés sous de bons augures et pendant 4 années, il a su gérer son propre atelier, l’entretien de ses machines et ses clients tout en rentrant dans ses frais. Malgré tout, le parcours entrepreneurial connaît bien souvent des obstacles. Après avoir tenté de maintenir cet atelier en solo, il a été confronté à des défis financiers et logistiques, mettant en lumière les réalités parfois difficiles de la gestion d’une petite entreprise.
“C’est mon ancien patron qui m’a donné envie d’avoir ma propre boîte, il m’a inspiré. En suivant son exemple, j’ai voulu contribuer à la société, donner du travail aux autres. Pendant un temps, je m’en sortais très bien. Puis les aléas du métier ont fait que je me suis retrouvé à devoir travailler parfois plus de 6 jours sur 7, en arrivant à peine à payer mon loyer. C’était trop pour moi.”
ICI MARSEILLE COMME BOUÉE DE SAUVETAGE
Contraint de quitter son atelier, il a entendu parlé d’ICI Marseille par l’intermédiaire d’un ami qui avait participé à l’aménagement de la manufacture, ce qui a suscité son intérêt. Après des difficultés dans son précédent lieu de travail, il a trouvé en Make ICI un refuge où il pouvait non seulement rebondir et poursuivre son activité professionnelle, mais aussi trouver un soutien émotionnel et financier.
“J’étais dans une situation délicate, je n’arrivais plus à payer mon loyer. J’ai fini par être affecté émotionnellement et psychologiquement vu le rythme de travail que j’avais. J’étais épuisé donc j’ai relâché la cadence, j’étais en perte de motivation, je ne répondais plus vraiment aux clients. Mais en rejoignant ICI Marseille je me suis refait un réseau et je fais de belles économies tous les mois. On peut dire qu’au niveau finance, c’est beaucoup plus confortable.”
LA FORCE DE LA COMMUNAUTÉ
Vincent a prouvé de nombreuses fois au cours de sa vie professionnelle sa combativité, son talent et sa technique. Depuis son intégration dans les lieux, il a été sollicité pour sa riche expérience, tout en ayant le loisir d’apprendre de nouvelles choses. Aujourd’hui, cela fait trois ans qu’il fait partie de notre communauté marseillaise. Nous sommes très heureux de le compter parmi nous.
“Au début je n’étais pas très sociable, mais grâce aux moment conviviaux entre résidents, on se découvre et on se lâche. Une fois que mon mental allait mieux, je me suis ouvert davantage. Aujourd’hui je suis vraiment très content d’être ici. Lors mon entrée à ICI Marseille, je ne pensais pas que ce serait à ce point le cas. Tout est réuni pour qu’on se sente bien. Le staff fait son maximum et gère très bien le lieu. Pourtant je pense que ça ne doit pas être facile tous les jours.”
L’AMOUR DE LA TRANSMISSION
Pour Vincent, le travail ne se limite pas à l’agencement ou la création de meubles et d’objets. Il a aussi une passion pour la transmission du savoir. Formateur chez ICI Marseille pour les sessions Concevoir un Meuble, cette activité lui permet de partager son expérience, son expertise et sa passion.
“Que ce soit ma famille ou les Compagnons, ils m’ont donné l’amour de la transmission. Quand on est passionné par ce qu’on fait, on crée un véritable lien avec les apprenants. Ça génère chez eux une soif de connaissance, ça les rend réceptifs, alors en tant que formateur, on a envie de donner encore plus, c’est un cercle vertueux.”
DÉVELOPPER SON ACTIVITÉ
Enfin, Vincent regarde vers l’avenir avec une détermination renouvelée. Conscient de l’importance de l’innovation et du développement, il envisage d’explorer les nouvelles technologies qu’offre ICI Marseille. Son objectif en 2024 : maîtriser la fraiseuse à commande numérique et la découpeuse laser. D’autre part, avec son ami Germain, métallier aussi résident Make ICI, ils ont décidé de s’installer ensemble dans un privatif au sein des ateliers. Cette nouvelle configuration leur offre la possibilité d’intégrer un espace personnel plus important à moindre coût, leur permettant d’imaginer plus aisément de belles collaborations bois-métal.
“J’ai envie de créer du mobilier grâce aux machines numériques. Je n’ai pas d’idée fixe, mais j’ai envie d’explorer les potentialités créatives qui s’offrent à moi ici. Ces machines ont le double avantage d’être rentables et de limiter les pertes : elles travaillent toutes seules grâce à un programme, et elles permettent d’utiliser les chutes au lieu de les jeter. C’est une des raisons pour lesquelles je suis heureux d’être ici, l’accès à toutes ces machines. D’ailleurs, pour les collègues qui débutent, le parc machines doublé avec le réseau de l’atelier, c’est un environnement idéal.”